Nimrud chez les Celtes / Les mondes réenchantés (2)




Il est mille et une façons de résister, je poursuis la mienne. Elle consiste à donner vie aux oeuvres que l'obscurantisme voudrait voir disparaître, en leur faisant jouer des scénettes sur mes feuilles de papier. 

Cette fois, c'est à Nimrud que je vous emmène. Nimrud, une des plus anciennes cités, nommée Calakh dans l'Ancien testament (Genèse, X - 11-12) et ravagée hier.



 (Suite de l'épisode précédent)


Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Dans toute la région, les hordes barbares semaient la terreur et plus aucun Assyrien n'était en sécurité. Cette nuit, on avait annoncé la mise à sac de la ville de Nimrud : sous le drapeau de Daesh, un carnage fut commis : les bulldozers ont supplanté masse et burin dans la main des bourreaux.
A cette nuance près, le scénario de l'attaque avait été le même qu'à Mossoul : enlèvement des plus illustres d'entre les Assyriens qui seront revendus à bon prix, puis, extermination systématique de tous les autres. Razzia, hécatombe... Et trafics en tous genre. Délaissant ses compagnons de Mossoul, Ishtar avait déjà fait sa valise pour aller porter secours aux survivants

Lors, sur les bords du Tigre, quand à la nuit tombée, les hordes se calmèrent, un petit groupe, mené par Ishtar sur son lion, embarquait pour l'Europe. Il y avait là des hommes de rien et des rois ancestraux, tous contraints pour survivre d'accomplir la grande traversée. Ils étaient les derniers de leur peuple et espéraient atteindre un roi celte qu'on venait de déterrer quelque part à Lavau, en France, et qui proposait de les accueillir. Un monde disparaissait, un autre émergeait de l'oubli.

Sur leur barcasse en Méditerranée, je veux croire qu'ils survécurent et que leur sort fut mieux protégé que celui des migrants noyés dans les eaux bleues. Je sais bien qu'on y meurt par centaines, mais je garde bon espoir : cette nuit-là, dans le ciel sur le Tigre, la lumière était celte. Elle éclairait une dernière fois le regard bienveillant des victimes de Daesh.


Les Mondes réenchantés, Nimrud, 
collage, encre, feutre et acrylique sur papier. 36 x 51 cm

Avec : 
un bateau phénicien, d'après une bas-relief de Khorsabad, fin du VIIIe siècle avant JC représentant un bateau transportant des marchandises pour un roi assyrien (le Louvre)
A Nimrud : Détail d'une fresque et lammasu du palais d'Assurnazirpal, ainsi qu'un colosse de lion gardien dans le temple d'Ishtar.
Belenos, dieu celte de la lumière et du soleil représenté sur une pièce de monnaie


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