La Méditerranée du troisième millénaire

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En 2013, ils étaient 60 000, entassés dans des barcasses de fortune qui traversaient la Méditerranée ou y sombraient. Sur les huit premiers mois de l'année 2014, ils sont déjà 130 000 à avoir tenté leur chance sur les flots de la Grande bleue. Selon Frontex, de janvier à juillet 2014, le nombre de migrants en Méditerrannée aurait ainsi augmenté de 500 % par rapport à la même période en 2013.

 96 % de ces migrants — morts ou vifs à leur arrivée — partent des côtes libyennes, pays qui n'a jamais signé la Convention de l'ONU relative au statut des réfugiés. Erythréens, Syriens, Somaliens, Libyens, etc., ils fuient pour la plupart des zones de conflit si brutaux qu'ils partent en étant très conscients de la mort probable qu'ils encourent pendant le voyage. Probable certes, mais bien moins certaine que celle qui les guette dans leur pays en guerre.

Malgré les efforts déployés par l'opération Mare Nostrum, le nombre de morts a quadruplé cette année : avec les 500 victimes (dont des dizaines de gosses) du récent meurtre de masse commis par des passeurs dans la nuit de dimanche à lundi, le nombre de victimes recensées atteint le chiffre record de 2 900 morts en moins de neuf mois. C'est plus que pendant les printemps arabe et c'est déjà quatre fois plus que pendant toute l'année 2013.

Vue l'ambiance géopolitique, il y a fort à parier que ces flux migratoires augmenteront, offrant toujours plus d'occasions aux passeurs de couler des vies pour se remplir les poches. Seulement voilà : le coût de l'opération Mare Nostrum dépasse les 9 millions d'euros par mois et l'Union européenne tient bien serrés les cordons de sa bourse. On raconte en Italie qu'elle envisagerait d'allouer pour cette opération, 300 millions d'euros… en 7 ans ! En juillet dernier Amnesty International pointait du doigt une politique migratoire européenne pour le moins contestable : alors qu'elle consacre 700 millions d'euros aux réfugiés et demandeurs d'asile, elle en dépense 2 milliards pour surveiller ses frontières. Dans le même temps, les murs érigés en Turquie mais aussi en Bulgarie découragent les migrants d'emprunter les voies terrestres, pourtant moins périlleuses.
Au troisième millénaire, ce ne sont plus les déchets qui posent le plus de problèmes en Méditerranée, ce sont les corps gonflés des noyés en pagaille…

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