Mandela, humaniste arc-en-ciel



Nelson Mandela est mort. 
Mais surtout, Nelson Mandela a vécu. 
Il était de ces dignes, de ces indomptables de l'humanisme, de ceux qui ne renoncent pas, ceux qui sont assez forts pour continuer d'aimer l'homme, résolument, absolument, quel qu'en soit le prix.

Nelson Mandela a vécu et cela est une chance pour tous et partout.

Il aimait à dire combien il admirait le poème Invictus, signé de William Ernest Henley. Le voici donc, même si je crois qu'aujourd'hui, vous l'avez lu partout : 

          Invictus

          Dans les ténèbres qui m’enserrent,
          Noires comme un puits où l’on se noie,
          Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
          Pour mon âme invincible et fière,

          Dans de cruelles circonstances,
          Je n’ai ni gémi ni pleuré,
          Meurtri par cette existence,
          Je suis debout bien que blessé,

          En ce lieu de colère et de pleurs,
          Se profile l’ombre de la mort,
          Et je ne sais ce que me réserve le sort,
          Mais je suis et je resterai sans peur,

          Aussi étroit soit le chemin,
          Nombreux les châtiments infâmes,
          Je suis le maître de mon destin,
          Je suis le capitaine de mon âme.


Mais que dire aux vivants après une telle perte ?
J'ai plongé ce matin dans la lecture d'Hugo. Il me fallait cela pour affronter le deuil. Cela pour espérer que d'autres, après lui, porteront son flambeau. Peut-être, si les loups trop avides ne nous dévorent pas tous, émergera quelque part, dans ces générations naissantes, quelqu'autre Madiba, quelqu'autre Gandhi.

          Au fils d'un poète

          Enfant, laisse aux mers inquiètes
          Le naufragé, tribun ou roi :
          Laisse s'en aller les poètes !
          La poésie est près de toi.

          Elle t'échauffe, elle t'inspire,
          O cher enfant, doux alcyon,
          Car ta mère en est le sourire,
          Et ton père en est le rayon.

          Les yeux en pleurs, tu me demandes
          Où je vais, et pourquoi je pars.
          Je n'en sais rien : les mers sont grandes ;
          L'exil s'ouvre de toutes parts.

          Ce que Dieu nous donne, il nous l'hôte.
          Adieu, patrie ! Adieu, Sion !
          Le proscrit n'est pas même un hôte.
          Enfant, c'est une vision.

          Il entre, il s'assied, puis se lève,
          Reprend son bâton et s'en va.
          Sa vie erre de grève en grève
          Sous le souffle de Jehovah.

          Il fuit sur les vagues profondes,
          Sans repos, toujours en avant.
          Qu'importe ce qu'en font les ondes !
          Qu'importe ce qu'en fait le vent.

          Garde, enfant, dans ta jeune tête
          Ce souvenir mystérieux,
          Tu l'as vu dans la tempête
          Passer comme l'éclair des cieux.

          Son âme aux chocs habituée
          Traversait l'orage et le bruit.
          D'où sortait-il ? De la nuée.
          Où s'enfonçait-il ? Dans la nuit.

          Victor Hugo, 1838.

RIP, Madiba.

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