Dans les yeux des gosses gazés



100 000 morts et deux millions de réfugiés. La froideur des chiffres n'aura pas suffi et malgré l'horreur répétée, mois après mois, par le HCR, Human Rights Watch et nombre d'observateurs, la guerre s'est poursuivie en Syrie, sous le regard plus ou moins appuyé des médias qui égrenaient jour après jour, le nombre de morts.

Nous étions là, impuissants, devant nos écrans, nos pages imprimées et nos postes de radio et nous avons plus souvent qu'à notre tour étouffé un cri d'effroi, la main plaquée sur nos bouches inutiles, appelant de nos vœux que quelque chose - enfin ! - mette fin au conflit.
Puis l'horreur absolue de l'innocence assassinée nous a sauté dessus. Nous le savions bien sûr, on s'en doutait, mais quand nos yeux nettoyés ont croisé le regard éteint des enfants gazés, il devint impossible de regarder ailleurs : des centaines de gosses, morts, froidement, sans une goutte de sang. Une mort incolore et inodore… Gazés, vous dis-je !

Alors, dans les chancelleries, on dénombre ses avions, on inventorie les réserves de munitions, on compte ses sous. Certes, la guerre en Syrie ne commencera pas cette semaine ; elle ne débutera nullement avec l'arrivée des Occidentaux dans le ciel syrien. La guerre en Syrie a duré et elle s'enlise (100 000 morts dont l'immense majorité au cours des derniers mois) : il s'agit que cela s'arrête… nous allons donc entrer en guerre… en espérant que la bataille sera courte et décisive (elle l'est rarement…).

Mais pourquoi maintenant et pas plus tôt ? Parce qu'il fallait les yeux définitivement clos de minots hauts comme trois pommes, étalés sur nos écrans pour justifier une action qui, ailleurs, n'est jamais menée : ni pour les femmes du Kivu, ni pour les Palestiniens incarcérés et spoliés, ni… J'en passe et des pires. Il fallait cela, ce massacre de trop, ces images d'enfants gazés qui réveillent de trop sinistre souvenirs dans nos mémoires laminées. Quelque chose qui fasse de l'ignominie en Syrie, quels qu'en soient les chefs d'orchestre, un crime d'exception, pire que les autres.

Mais il est bien tard et nous le savons : s'il faut évidemment que cela cesse, rien désormais, ne pourra plus éviter le chaos.
Il est bien tard !
 

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