Les petits de Serval

Certes, rien n'a encore été revendiqué et l'on sait peu de choses sur l'attentat perpétré au petit matin contre l'ambassade de France à Tripoli. Mais à moins de 24 heures du vote de la prolongation de la mission Serval, difficile de ne pas faire de lien entre cet attentat et la guerre que mène la France au Mali.

En janvier, lorsqu'était attaqué le site gazier algérien d'In Anemas, c'est ce conflit qu'ont vitupéré les djihadistes. Même évocation lors de la première vidéo diffusée par Boko Haram sur l'enlèvement des sept otages français au nord du Cameroun. Il y a donc quelques raisons de croire que l'attentat de Tripoli n'est pas, cette fois encore, sans lien avec le vote d'hier.

C'est que l'Azawad fut pour les Djihadistes un conflit différent, une vraie guerre, avec une stratégie d'occupation des vaincus construite, s'appuyant sur quelques alliés bien choisis et bien manipulés. Sur ce point, la feuille de route rédigée en juillet par Aqmi et retrouvée par RFI et Libération en février, est limpide : le conflit au nord du Mali était, selon l'auteur de ce document, Abou Mossad, la première "expérimentation djihadiste", "une graine qui peut donner un bel arbre". C'est dire quels espoirs avaient été placés dans cette guerre par Al Qaida. François Hollande avait donc raison d'affirmer qu'il menait là-bas la "guerre contre le terrorisme". L'ennemi aurait du riposter. Mais il ne l'a pas fait au Mali où il a lâché les villes les unes après les autres sans opposer de sérieuse résistance. Il le fait donc ailleurs.

C'est ainsi que nous retrouvons les méthodes habituelles des terroristes : prises d'otage, attentats sporadiques où l'explosion tonitruante fait spectacle, voitures en flammes, etc. Le tout savamment orchestré par quelques campagnes de communication sordides et rondement menées. 

En Libye — où  la France a tellement joué avec le feu qu'il n'y a rien d'étonnant à ce qu'elle s'y brûle (cf. par exemple les liens douteux entre Kadhafi et Sarkozy) — la situation est encore assez peu maîtrisée pour qu'il ne soit pas très compliqué de déposer quelques bombes. Du coup, on en vient presque à s'étonner que cet attentat ait été commis à une heure si matinale, devant une ambassade quasi déserte, alors qu'hier encore ce même lieu accueillait quelques députés français pour une réception… Deux blessés dont un grave, alors même que le bâtiment n'est plus que ruine : cet attentat là ne fut pas une tuerie — il aurait pu être "un carnage", commentait Laurent Fabius — , mais il a tout d'un sérieux avertissement !

A l'heure du retour des premières troupes française, on se dit que la guerre contre le terrorisme - dont le terrain dépasse largement les frontières poreuses du Mali - est loin d'être gagnée.

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