Un brin d'espoir en Syrie… sauf que l'arbitre est russe.


Ecœuré par les promesses non tenues et l'inertie des pays occidentaux, le chef de l'opposition syrienne Ahmed Moaz Al-Khatib prévoyait de boycotter la réunion des Amis de la Syrie qui se tient aujourd'hui à Rome, ville sans doute davantage préoccupée par le départ du pape et la crise politique de l'Italie que par le sort de la Syrie.
Finalement, il a rencontré John Kerry ce matin. Les raisons de ce changement ? Des rumeurs qui se font de plus en plus précises et relayées mercredi par le Washington Post : "L'administration Obama s'oriente vers un changement majeur de politique en Syrie, qui pourrait se traduire par la fourniture d'équipements aux rebelles tels que des gilets pare-balles, des véhicules blindés, et peut-être une formation militaire (...)". 
L'annonce tombait à point nommé : le secrétaire d'Etat américain avait rencontré la veille le ministre russe des Affaires étrangère Sergueï Lavrov et il s'apprêtait à discuter avec François Hollande, qui lui-même devait se rendre à Moscou aujourd'hui. Quelques jours plus tôt, l'Union européenne avait annoncé souhaiter assouplir son embargo sur la livraison d'armes en Syrie. Celui-ci ne pénalise en fait que les rebelles, les troupes de Bachar Al-Assad étant largement armées par ses contrats avec la Russie.

Dans le même temps, Bachar Al-Assad qui – peut-être – s'effraie du semblant de durcissement des pays occidentaux, affirmait être prêt à négocier avec la rébellion qui, elle, refuse, mettant en préalable à toutes discussion le départ de Bachar. On comprend : on ne négocie pas facilement avec un homme qui massacre son peuple avec un cynisme qui n'a d'égal que l'attitude de Vladimir Poutine. D'ailleurs, il est un peu tard et l'obstination de Bachar Al Assad à considérer tous les rebelles comme des terroristes a de quoi agacer les nombreux laïcs qui demeurent parmi eux.

Le jeu diplomatique est donc pour le moins compliqué et la Russie de Poutine dont on voit bien qu'elle renoue avec ses démons dictatoriaux, joue les arbitres. Or, il n'est pas sûr que les Occidentaux iront jusqu'à défier Moscou.
Si l'on en juge par la tournure que prend la visite de François Hollande à Vladimir Poutine, on a de quoi douter de la détermination occidentale.

Les propos de Jean-Christophe Cambadélis ce matin sur France Info, sont sur ce point éloquents. Interrogé sur ce voyage moscovite du chef de l'Etat, il estime que la question des droits de l'homme n'est pas prioritaire : "Les droits de l'homme, c'est une exigence, pas un préalable", a-t-il affirmé sans ciller. 

En l'entendant, m'est venu dans la bouche un goût des plus amers : la veille, j'étais allée déposer une bougie sur les marches de l'opéra Bastille, rendre un ultime hommage à Stéphane Hessel. En écoutant le député PS parisien, il m'a semblé que la route serait longue, voire sans fin, avant que ne triomphent des droits proclamés il y a plus de 200 ans. 
Mais vrai : nous ne devons pas désespérer. 


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