Ole Guernica !

Il y a quelques années, je m'occupais d'un magazine édité par un Tour Operator. Pour celui-ci, nous avions couvert moult destinations et pas des plus respectueuses des droits humains : le Myanmar d'il y a quinze ans, le "Saint-Domingue" où les resorts étaient entourés de barbelés pour cacher au touriste la misère et la répression, j'en passe et même des pires.
Jamais nous n'avions eu à déplorer la moindre plainte, pas la plus petite protestation sur le manque de démocratie, la torture et la misère des destinations que nous encensions. Rien.  L'indifférence générale et des commandes de voyage qui grimpaient.
Puis est venu le moment de parler de l'Andalousie, de ses azulejos, du cante jondo, du flamenco et… de la corrida. C'est la seule et unique fois que nous avons reçu des lettres d'insulte et des promesses de ne plus jamais, au grand jamais, commander des voyages chez le tour operator en question.

Aujourd'hui, le conseil constitutionnel vient de reconnaître la légitimité de la corrida dans certaines régions de France. 
Chaque fois que j'entends parler des opposants à la tauromachie, je pense à cette histoire, à la démesure… et je ne m'étonne plus de trouver parmi les défenseurs des animaux des pourfendeurs de l'humain, des Brigitte Bardot, Alain Delon et consorts, gâtés et xénophobes et dont l'amour des animaux est proportionnel au mépris de l'humain. 

Je pourrais vous parler de la beauté de la corrida, des jeux de robes du torreador, séducteur et fatal comme une femme, comme Carmen. Je pourrais évoquer la puissance virile du taureau contre laquelle lutte le frêle torreador avec un jeu de lumière et de couleurs, image éminemment féminine portée par un homme. Mais je n'irais pas plus loin parce que j'en ai assez de me faire insulter par ceux qui préfèrent les bêtes aux hommes. Ils sont légion.
Picasso, lui, peignait avec le même génie la puissance sensuelle de la corrida et celle, destructrice jusqu'à l'effarement, de la guerre.
Question de mesure, question de choix… et je me dis qu'en bien des contrées laminées par la guerre, on doit penser qu'on aimerait bien avoir nos problèmes.
Mais vous me direz : pourquoi parler d'un sujet aussi futile alors que la presse entière est à l'affût, guettant un débordement en ce jour de prière musulmane ? 
Pour rien. Enfin si : pour le plaisir de dessiner un taureau et parce que j'ai envie de laisser les musulmans en paix, surtout quand on me parle de Bardot… en ce jour de prière musulmane.

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