La danse macabre au Mali


 La crise malienne est, avec la Syrie, à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU d'aujourd'hui. Cette crise majeure menace l'ensemble de la zone sahélienne, déjà minée par une famine de très grande ampleur. Le gouvernement malien a officiellement demandé l'aide de la Cédéao et plus de 3000 hommes pourraient être déployés face à la dizaine de milliers de combattants djihadistes.
Depuis six mois, les deux tiers nord du Mali sont hors de contrôle : les touaregs laïcs ont marqué le pas et ce sont désormais les mouvances fondamentalistes qui détiennent cette zone. En tête Ansar Eddine, mouvement touareg d'inspiration salafiste.

Le silence des autorités algériennes qui passent pour considérer la zone sahélienne comme leur arrière garde est pour le moins ambigüe. Dans les faits, moult négociations se font dans l'ombre mais l'Algérie demeure opposée à une intervention extérieure, même de la Cédéao. Elle craint en effet de voir contestée sa souveraineté sur la zone et d'être à nouveau la cible des Djihadistes qu'elle voit avec une certaine indulgence semer le trouble hors de ses frontières, pourvu qu'ils restent à l'extérieur. D'ailleurs, le Mali considère depuis longtemps que la présence au Mali d'Aqmi (en grande partie dirigée par des Algériens) est d'abord dûe aux actions mises en œuvre par l'Algérie pour le repousser de l'autre côté de ses frontières.
Dans la même veine, le MNLA des touaregs laïcs voit en Lyad Ag Ghali "l'homme des Algériens", suspectant un soutien financier et militaire de son mouvement Ansar Eddine par l'Algérie. Il serait, pour les autorités algériennes, un interlocuteur gérable… sauf qu'il est le groupe salafiste le plus puissant au nord du Mali, celui qui détient les principales villes, celui qui impose la charia ça et là, celui qui démolit les mausolées de Tombouctou… mais ne revendique plus l'indépendance de l'Azawad, cette région nord malienne dont les Touaregs revendiquent l'indépendance.

L'Algérie qui, par le passé, est parvenue à maintenir de relativement bonnes relations avec ses Touaregs a souvent beaucoup aidé aux résolutions des crises concernant l'Azawad. Cette fois, elle affiche une neutralité officielle et Bouteflika joue l'attentisme, préférant balayer devant sa porte, au risque de laisser se destabiliser l'ensemble de la zone. 

Pendant ce temps-là, Tombouctou est saccagée, des femmes non voilées sont arrêtées, des couples adultères lapidés… La Charia mène la danse macabre au Mali.
A l'ONU, François Hollande devrait soutenir le déploiement d'une force internationale au nord du Mali… à condition de ne pas en être : l'intervention de l'ex colonie ferait effectivement désordre et compromettrait la libération des quatre otages français détenus par Aqmi.

A lire : l'interview de Mathieu Guidère (juillet 2012), spécialiste de l'islam radical au Maghreb, in l'express.fr.

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