Hollande accélère le tempo

10 millions de personnes étaient devant leur téléviseur hier soir pour voir François Hollande faire son retour sur la scène médiatique. Une nécessité pour le président qui battait des records d'impopularité. La veille dans Le Monde, il avait annoncé la couleur : il faut du temps pour se donner une posture.
So what ? Après le calme, la tempête ? Que nenni ! Certes, l'homme s'est montré plus combatif, faisant valoir un agenda rythmé pour les deux prochaines années, mais pas ou peu d'annonce : un recadrage, une mise au point, rien de plus. Le message est clair quoique le mot n'ait pas été prononcé : nous voici bien entrés en phase de rigueur, le contraire eut été étonnant. 
Prévisions de croissance à la baisse, hausse du chômage record… rien ne pouvait en effet laissé espérer autre chose. Mais le terrain avait été bien préparé, permettant à François Hollande d'avoir l'air d'annoncer moins pire. Il y avait d'abord eu les rumeurs d'allègement de la taxe à 75 % des plus hauts revenus, puis est venue la traîtrise de Bernard Arnaud pour semer le doute sur la même mesure.
Bref, la rigueur est là et elle se veut "de gauche" : confirmation que les artistes et les sportifs seront bien assujettis à cet impôt temporaire, confirmation de la création d'une tranche à 45 % pour les revenus dépassant les 150 000 euros/an, taxation des heures supplémentaires dans les grandes entreprises mais pas dans les PME (les salariés, eux seront fiscalisés), etc. Sauf que les revenus des capitaux - qui constituent quand même l'essentiel des revenus des plus riches - ne seront pas concernés.
Rigueur, rigueur, rigueur parce qu'il va falloir faire de sérieuses économies sur les dépenses publiques - 10 milliards et surtout 20 milliards d'impôts supplémentaires. 
Certes, le Président affirme que cet effort sera d'abord consenti par les plus riches, notamment par la nouvelle tranche et les 2 à 3000 personnes concernées par la taxation à 75 %. On dit pourtant du côté du syndicat des impôts que le compte n'y est pas, il va donc sans doute falloir racler d'autres fonds de poche, nous le saurons bientôt. Déjà, nombre de foyers modestes qui ne payaient pas d'impôts en 2010 en paient cette année pour cause de gel du barême des impôts par le gouvernement Fillon. Le président ne prévoit pas de remettre cette mesure en question même s'il annonce une possible décote pour les plus bas revenus. Pas un mot sur les rumeurs d'augmentation des taxes sur le tabac et la bière, mais tout n'a pas été dit hier, loin s'en faut.
Quand à la promesse d'inverser la tendance de la courbe du chômage, on a quand même un peu de mal à y croire, alors que les annonces de plans sociaux se multiplient.
Pas sûr donc que la prestation d'hier soir ait convaincu. Mais on sera rapidement au parfum : "tout sera engagé dès la fin de l'année", a affirmé François Hollande.
Le président calme accélère donc le tempo. Il n'empêche : le changement, ce n'est pas maintenant. Maintenant, c'est serrage de ceinture. On est quand même loin des promesses de croissance. Real politik, quand tu nous tiens…

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