Et les shadoks pompaient

Depuis ce matin en France, les prix ont baissé à la pompe : 6 centimes de moins au litre, annonçait hier le gouvernement. 
Bonne ou mauvaise nouvelle ? De la poudre de Perlimpin en fait, parce que rien ne peut laisser croire que les prix du brut baisseront.
En la matière, il y a d'abord des causes objectives. A l'aube des années 2000, on estimait que le peak-oil (c'est-à-dire le moment où la production commencerait à décliner) surviendrait aux alentours de 2030. En novembre 2010, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) annonçait que celui-ci était atteint ; il l'était même depuis 2006 si l'on ne tient compte que de la production conventionnelle, celle qui consiste à sortir le précieux fluide dans des conditions maîtrisées. En 2010, l'AIE prévenait : en 2035, ces champs dits conventionnels qui fournissent actuellement 80 % de la consommation mondiale ne couvriront plus que 17 % des besoins. La raison ? Des réserves qui se raréfient et une consommation qui ne cesse de croître, notamment du fait de la hausse du niveau de vie dans les pays émergents.

So what ? Aujourd'hui, la production pétrolière coûte de plus en plus cher, nécessitant des défis techniques et écologiques sans précédent : forage en très grande profondeur d'eau, production sous dôme de sels, sables bitumineux, forage déviés, raclage des fonds de puits matures… Voilà pour les aspects techniques.
A cela s'ajoute une profonde transformation des acteurs : alors qu'hier, les majors régnaient en maître sur ces activités, elles sont aujourd'hui tributaires des compagnies nationales dont les exigences vont croissant - et c'est heureux - notamment sur le recrutement de personnels locaux, le partage de la manne, etc. Toutes choses qui imposent des coûts supplémentaires.
Bref, hier, nous pompions a hue et à dia, sans penser au lendemain. Manifestement, nous continuons à le faire et l'annonce d'hier soir n'est pas de nature à inverser la tendance. Non seulement, elle va coûter cher à l'Etat puisque l'effort n'est que partagé avec les raffineurs, mais surtout, elle ne durera que quelques semaines, quelques mois au mieux. 

Fallait-il demander aux majors d'en supporter l'intégralité du coût ? Peut-être. mais, surtout, c'est à long termes qu'il faut penser les questions énergétiques. Alors, si taxe il faut imposer aux pétroliers, c'est peut-être plutôt pour que celle-ci soit réinjectée dans la recherche de solutions alternatives, pour les transports notamment : si le prix de l'essence devenait insupportable, les constructeurs de voiture seraient bien contraints de développer davantage les véhicules alternatifs. Il faut donc que l'essence augmente pour que nous puissions peu à peu nous passer de pétrole.

Mais j'avoue, c'est facile à dire quand on habite une ville qui compte 14 lignes de métro et des dizaines de lignes de bus. Sans doute faudrait-il créer des tickets de carburant pour ceux qui vivent dans des zones blanches en matière de transports collectifs, ceux qui n'ont pas d'autre choix que celui de la voiture.
Mais qu'on se le dise : moins encore que le nucléaire, les énergies fossiles ne sont des énergies d'avenir. Même à court termes, rien n'est maîtrisable sur ce marché, parce qu'aux critères objectifs s'ajoute une situation géopolitique des plus instables.
De toutes façons, tôt ou tard, il n'y aura plus grand chose à pomper pour les Shadoks. Faudrait voir à s'y préparer.

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