Contagion malienne




Hier, François Hollande recevait à l'Elysée, Mahamadou Issoufou, Président de la République nigérienne. A l'issue de cet entretien, il déclarait "Il y a une menace d'installation de groupes terroristes au nord-Mali (…) Il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà du Mali…". Le président nigérien a confirmé et plaidé pour une aide internationale.

Ce discours est passé relativement inaperçu, Législatives obligent.
Il mérite pourtant qu'on s'y arrête : l'urgence est au Mali au moins aussi forte qu'en Syrie. Ici comme là-bas, les populations civiles sont au seuil de l'hécatombe et, au Mali plus encore qu'en Syrie, le risque de contagion est très alarmant.
Pour deux raisons : d'abord parce que l'afflux des réfugiés dans les pays frontaliers est déjà devenu ingérable. Surtout, parce que ce conflit a constitué une opportunité exceptionnelle pour les combattants djihadistes d'attiser un nouveau foyer de guerre sainte. C'est avéré : au nord du Mali, les principales villes sont détenues par des Touaregs mais aussi par nombre de mouvances islamistes : Ansar Dine, Mujao (Mouvement Unité pour le djihad en Afrique de l'Ouest, dissidence d'Aqmi), la secte de Boko Haram… 

Bref, on ne peut pas regarder ce qui se passe au nord du Mali sans tenir compte du fait que les organisations présentes ici, sont actives dans les pays voisins, à commencer par Boko Haram qui sème la terreur au Nigeria, mais aussi Aqmi dont la dissidence africaine Mujao (Mouvement Unité pour le jihad en Afrique de l'Ouest) se faisait connaître en décembre dernier en revendiquant l'enlèvement de trois Européens 6 semaines plus tôt dans l'ouest de l'Algérie.
Après le Maghreb, avec le Sahel africain, c'est vers le sud du Sahara qu'avance la guerre sainte. La création d'une branche spécifiquement africaine d'Al Qaïda est un signe fort. Le Mali est pour Mujuao une base avancée vers la région sub saharienne. Déjà, au Burkina Fasso, pays fragilisé par une grave crise alimentaire et qui se remet mal de la révolte d'avril 2011, l'arrivée de 60 000 réfugiés maliens fait craindre un regain de tensions qui pourraient à leur tour constituer une opportunité d'exporter le Djihad.
Nous avons fini par nous habituer aux souffrances de la région sahélienne au point de les reléguer à la catégorie entrefilet dans les médias grand public. Mais le Sahel souffre de désordres climatiques, de famine ET de la folie des hommes.
Alors à l'appel pour la Syrie, j'ajoute celui pour le Sahel et je crois qu'il faut le crier plus fort encore, car ses bruits et ses cris sont ici assourdis.

Merci de diffuser.



Commentaires

  1. Et cela fait des semaines et des mois que la situation empire...
    Les femmes et les enfants payent le plus lourd tribut (morts, viols,...).
    Je me réjouis pour la population libyenne de la chute de Kadhafi, mais je n'en fais pas un film et je n'oublie pas les conséquences directes néfastes au Sahel.
    J'en tire comme leçon qu'en même temps de faire chuter Bachar el-Assad, il faut penser aux conséquences directes de cette chute.

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