à propos du vote des étrangers


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Un peu plus de 800 000 étrangers sont appelés à voter en France, depuis hier. Ils sont Algériens et votent pour élire les députés qui siègeront au parlement algérien. Comme chaque année, leur participation devrait être inférieure à 30 %. Raisons invoquées : ils sont peu informés des programmes et peuvent difficilement les confronter à la réalité… Bref, ils se sentent moyennement concernés.
Pour cause : la politique, comme son nom l'indique, a pour vocation de régler la vie de la cité, or les Algériens de France n'habitent pas une cité algérienne et rares sont ceux qui y ont même une résidence secondaire. 
Leur ville est ailleurs : ils habitent une cité française. Leurs enfants y vont à l'école, leurs pieds en foulent quotidiennement les trottoirs plus ou moins nettoyés. Ils y habitent dans des logements plus ou moins confortables, dans des quartiers plus ou moins accueillants. 
Bref, ils y vivent et il y a fort à parier qu'ils en attendent peu ou prou la même chose que n'importe quel citoyen : une vie paisible et enrichissante, où les enfants peuvent aller tranquillement à l'école, des rues pas trop crasseuses, des jeunes occupés, des vieux qui ne fouillent pas les poubelles, des services qui fonctionnent.
C'est en tous cas ce qui se passe dans les 16 Etats sur 27 de la Communauté européenne qui ont accordé un droit de vote aux étrangers : il n'y a pas de vote local communautaire. Pour tout vous dire, l'implication des habitants dans la gouvernance des villes pourrait même être un excellent facteur d'intégration : on respecte d'autant mieux ses devoirs envers la cité qu'on y a des droits, on se sent d'autant plus concerné qu'on est impliqué.

Certes, on peut crier à la perte de souveraineté nationale. Sauf que ce ne sont pas les maires qui font la politique internationale, ni même les grandes orientations de politique intérieure. Lier le droit de vote local des étrangers à cette perte de souveraineté nationale est donc très exagéré et pour tout dire fantasmatique. On joue là sur les mêmes peurs régressives que la référence aux frontières qui a refait surface ces derniers jours et dont on risque d'entendre pas mal parler pendant ces législatives…

Comme le disait Badinter au JT de France 2, lundi : cette loi aura "le même impact" que celle abolissant la peine de mort. "Impopulaire" mais "une nécessité."
Cela a quelque chose à voir avec une certaine vision de la politique, une vision humaniste, une vision qui ne fait pas de ségrégation entre les habitants de la cité.

En plusieurs millénaires, cela ne fait qu'un mince progrès par rapport à la cité grecque antique, mais un progrès tout de même.

A lire absolument : l'article du Pr. F. Julien-Laferrière in LeMonde. Assez complet. Vous y apprendrez même que le droit de vote des étrangers en France n'est pas une nouveauté.

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