Mot de campagne : frontière

"En 2012, le sujet c'est les frontières", a affirmé Nicolas Sarkozy à Toulouse le 29 avril. 

Petite précision toutefois pour les nostalgiques et autres “has been" comme moi, on est loin, mais alors à des lieux, des rêves du JFK candidat à l'investiture démocrate aux Etats-Unis en 1960 : "Nous sommes devant une Nouvelle Frontière, que nous le voulions ou non. Au-delà de cette frontière, s'étendent les domaines inexplorés de la science et de l'espace, des problèmes non résolus de paix et de guerre, des poches d'ignorance et de préjugés non encore réduites, et les questions laissées sans réponse de la pauvreté et des surplus", disait-il.

Non la frontière dont on parle ici, 50 ans plus tard, n'est pas celle que l'on dépasse. La frontière dont on parle, c'est la limite. La même limite rassurante que celle qui fait le nouveau-né plus serein quand il est encerclé de son berceau. 
Pour être plus précise, c'est un ensemble de limites qui définissent un espace clos dans lequel je me sens dans mon chez-moi, dans un cocon paisible, protecteur, et qui m'offre la sécurité nécessaire à mon épanouissement. Bref, un ersatz utérin, le sein maternel et la terre nourricière… 
Un truc éminemment structurant, c'est vrai, parce que la frontière définit un dehors et un dedans. Dedans c'est moi, dehors, ce sont les autres. C'est assez pratique pour se positionner dans un environnement (moi le bébé, ma maman, mon papa… moi l'individu dans un corps social… moi le citoyen dans un Etat (une nation ?)… moi l'Etat dans le monde…).

Le problème, c'est que la chose se passe souvent de manière assez exclusive. En clair : si je suis en sécurité dedans, a contrario, dehors c'est le danger, la frustration. De la même manière, tout ce qui rentre inopinément à l'intérieur de mes frontières est susceptible de mettre en péril mon cocon.
Dont acte. Je verrouille, je calfeutre…
Mais j'étouffe ! Parce que, dans cet espace clos, au pire il n'y a pas assez à bouffer, au mieux, on s'emmerde à mourir. 

Alors, on coupe le cordon, on ouvre des portes sur le monde extérieur et l'on fait bien : les frontières humaines sont toujours poreuses.
On peut alors, loup pour l'homme, cogner et piller.

On peut aussi, dignement, observer l'autre, l'apprendre et prendre le risque de vivre.
Parfois on prend des coups. On y laisse des plumes. On cède ça et là, avec mesure, dans des limites raisonnables. Voire on avance, dedans comme dehors.






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